Histoire de Loctudy
entre 0 et 400 :
A une époque indéterminée, il existait un camp romain sur une butte (Roz-ar-Hastel) proche du centre actuel de Pont L’Abbé.
Il doit être noté l'importance de la voie romaine de Quimper à Penmarch passant par Pont l’Abbé.
entre 400 et 500 :
dans le contexte du déclin de l'empire romain en Europe (entre 383 et 476) et sous la
pression des Pictes, des Angles et des Saxons, plusieurs vagues d'émigration brittonne
ont lieu de la Bretagne insulaire [Grande-Bretagne], plus précisément de la Cornouailles
et du pays de Galles, vers l'Armorique [Petite Bretagne]
[1].
Comme dans tous les lieux consacrés à un saint, la présence réelle de Saint Tudy
à l'Ile Tudy ou Loctudy est bien sûr sujette à caution. Tudy, homme sage et saint, émigre
comme simple moine
[100]
en Cornouaille fuyant son pays envahi par les Saxons.
Son origine est imprécise: Cornouailles ou pays de Galles. Sa première destination n'est
pas clairement définie : Poul Cong (Le Conquet) en [ancienne] Cornouaille
[101]
ou l'Ile Tudy en Letau (Grande Cornouaille)
[1].
Les chanoines Peyron et Abgrall indiquent que "Saint Tudy s'établit en premier lieu à
l'Ile Tudy, avant même qu'il construisit son monastère sur la côte voisine à Loctudy"
[2].
La tradition rapporte qu'une simple chapelle aurait existé à l'Ile Tudy. L'église
primitive de Loctudy, fort modeste, n'aurait en fait été construite qu'après la mort de
Saint Tudy et un transfert du culte du saint se serait opéré de l'Ile Tudy vers Loctudy
[3].
"La modestie de l'église primitive à Loctudy a certainement été grande
jusqu'à l'édification de [l'église] actuelle."
[3].
"Locus-Tudy [lieu consacré à Tudy], deviendra le nom de la localité"
[4].
S'il est possible qu'une église primitive ait existé à Loctudy, il n'y a pas de trace
historique d'un monastère primitif. Le monastère, dont nous reparlerons, au sens d'un
ensemble de bâtiments en pierre, s'il a existé, est sans doute d'une époque plus
tardive.
entre 800 et 1000 :
dans le contexte des expéditions de pillage des Normands en Bretagne.
Une partie de la population et les moines de Loctudy se dispersèrent lors de l'invasion des Normands,
au IXe ou au début du Xe siècle.
Il est probable que l'autre partie de la population se réfugia à Pont l'Abbé, village à l'intérieur des terres qui était
déjà un point de défense depuis l'époque romaine.
Après le traité de St Clair-sur-Epte en 911 entre Francs et Normands,
ce n'est pas la fin des expéditions de pillage des Normands et Scandinaves en Bretagne
puisque l'abbaye de Landévennec est détruite en 913-914 et l'abbaye St Gildas de Rhuys
est détruite en 919.
L'hypothèse suivante (à valider) présente la dispersion de la population loctudyste entre 913-919
à partir de :
1) Loctudy- près de Pont l'Abbé - Finistère
vers :
2) Loctudy - lieu dit Croissant (Croas Hent) - près de Moëlan-sur-mer
3) Loctudy - Ile de Groix
4) Loctudy - Belle-Ile - près de Le Palais
5) St Tudy - Cornouailles anglaise (Cornwall) - près de Tintagel
entre 1000 et 1200 :
Dans le contexte de la fin des expéditions de pillage des Normands et Scandinaves en Bretagne,
les monastères bretons en ruine sont reconstruits.
Il n'est pas du tout certain que la partie dispersée de la population et des moines retournèrent à Loctudy.
On peut supposer que la partie réfugiée à Pont-l'Abbé retourna à Loctudy.
Au XIe siècle, les premiers seigneurs du Pont établissent une motte féodal à la tête du pont de pont traversant la rivière de Pont-l'Abbé,
sur les terres de l'Abbaye de Loctudy, abandonnées depuis le passage des Normands.
Dés lors, "les Barons du Pont, féodaux puissants, véritables maîtres des lieux,
sont solidement installés sur la rivière [de Pont l'Abbé].
En effet, l'emprise territoriale de Loctudy couvrait [à cette époque] la portion de Pont l'Abbé
située sur la rive droite de la rivière"
[4].
"L'Abbaye de Fleury (actuel Saint-Benoît-sur-Loire) possédait des liens établis avec
l'Armorique. En effet, Mabbon, évêque de Léon, était venu se faire moine à Fleury
au milieu du Xe siècle, sans doute en 952, apportant avec lui les reliques de Paul ou
Pol Aurélien, son prédécesseur sur le siège de Léon.
La présence des reliques de Saint Pol motiva la venue de pélerins, surtout bretons.
Parmi eux, un moine, qui vivait en ermite à Ouessant, Félix, quitta son ermitage en 994,
avec la permission de l'évêque de Léon, Paulilian ou Pauliucan, et resta quelques temps
à l'abbaye de Fleury. Toutefois, à la demande du duc de Rennes, Geoffroy Ier, l'illustre
Gauzlin, abbé de Fleury, l'envoya, en 1008, avec quelques moines de Fleury, relever les
ruines des monastères bretons détruits par les Normands, notamment
Saint-Gildas-de-Rhuys
(Vita Gauzlini).
On ne peut donc pas être surpris de retrouver le plan de Saint-Benoît-sur-Loire,
une basilique à nef centrale et collatéraux, avec de grandes arcades en plein ceintre,
un transept ou faux-transept et un choeur coiffé d'un cul-de-four, séparé par de
hautes colonnes d'un déambulatoire, gréffé lui-même de trois chapelles rayonnantes,
aussi bien à Saint-Gildas-de-Rhuys, consacré le 30 septembre 1032, qu'à Landévennec
et Loctudy, édifiés dans la foulée, comme Fouesnant."
[3].
La magnifique église de Loctudy fut donc édifiée (ou réédifiée) au XIe siècle
dans le plus pur style de l'art roman. Elle avait, semble-t-il, rang d'"église abbatiale"
[4],
c'est-à-dire qu'elle appartenait à un monastère dirigé par ou au bénéfice d'un abbé.
entre 1200 et 1300 :
dans le contexte du Haut Moyen-Age.
"Prieuré de l'Abbaye de Saint-Gildas-de-Rhuys, Loctudy fut, au XIIIe siècle, l'enjeu
d'un conflit, entre l'abbé de ce monastère [St Gildas] et le Baront du Pont, pour la perception des
bénéfices."
En 1220, un acte important fût signé à Quimper, entre Hervé, abbé de Saint-Gildas
de-Rhuys et Rainaud, Evêque de Quimper, concernant l'octroi par l'Evêque de trois cannonicats
dans l'église Saint-Tudy, dont un accordé à perpétuité à l'abbaye de Saint-Gildas-de-Rhuys.
En 1223, un second acte, complétant celui de 1220, fût signé entre Rainaud,
Evêque de Quimper, et Hervé, seigneur du Pont L'Abbé, en présence de Josse,
Archevêque de Tours, dans lequel Hervé du Pont confirme la résiliation de son droit de
patronage sur l'église Saint-Tudy.
Bien que fortement réfuté et ne reposant sur aucune preuve historique, l'origine
de l'église Saint Tudy a été attribuée aux Templiers par certains auteurs.
Bibliographie
[1] KERBOUL, Christian Y.M., Les royaumes brittoniques, au très haut Moyen Age , Ed. du Pontig Sautron; Coop Breizh, Spézet, 1997.
[2] PEYRON; ABGRALL, Chanoines, Ile Tudy , Impr. Kerangal, Quimper, vers 1912.
[3] THOMAZI, Jacques, Dr., Eglise St Tudy, Loctudy , brochure Office de Tourisme, Loctudy, 2000 (?).
[4] JOURDREN, G., Historique de Loctudy , brochure Office de Tourisme, Loctudy, 1998 (?).
Notes[100] n01 Selon A. de La Borderie, le saint Tugdual cornouaillais arrive en Armorique en simple moine tandis que son homonyme trégorrois arrive dans la péninsule [armoricaine], comme abbé, chef d'une nombreuse famille monastique.
[101] n02 Il s'agit ici du lieu où accosta Saint Tugdual [plutôt le saint Tugdual trégorrois], dit Pabu, à son arrivée en Armorique au 6ème siècle : la crique de sable fin de PorsPabu, près de la pointe Kermorvan, en face du Conquet, près de Brest (Finistère).