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Saint Tugdual

Tugdual (500-564) est né au pays de Galles. Sa famille est sans doute originaire de l'Ile de Man. "Il est élevé dans la plus pure tradition monastique. Après avoir eu plusieurs visions qui l'incitent à se rendre en petite Bretagne, il débarque sur le continent vers 535 avec d'autres moines. Il fonde d'abord dans la région du Conquet (n01) un premier monastère puis un second à Landreger (Tréguier). En Bretagne, il accumule les miracles auprès des sourds, des aveugles et des paralytiques. Il éteint des incendies, ressucite des noyés. Il est nommé évêque de Tréguier. A sa mort, on dira de lui que s'il n'est pas Dieu le Père, c'est qu'il ne l'a pas voulu." [b_cuig01] [b_arsei01]

Les différentes graphies du nom de Saint Tugdual sont (sans être exhaustif) : Tugdual (n09), Tudgual (n10), Tutgual (n11), Tudual (n12), Tuduali, Thudetus (n13), Tudwal, Tual, Oual (n14).

Dom Plaine [b_plai01] indique qu'il existe 3 Vies (Vitae) de Saint Tugdual.
"La première vie de saint Tudual ou Tugal a eu un meilleur sort [que celle de saint Jacut]. D'abord nous savons d'une manière positive qu'elle émane d'un disciple immédiat du saint, puis un fragment de ce document nous a été conservé, et vient même tout récemment [1891] d'être publié (n05). Cette publication est due à M. Anatole de Barthélemy, mais celui qui écrit ces lignes a eu la meilleure part, tant dans la découverte de ce fragment que dans la constatation de sa provenance. (...) Au mois de juillet 1876, en parcourant les Collectanea de Duchesne (n06), je rencontrai une petite vie anonyme du saint en question, qui me parut d'autant plus digne d'intérêt qu'elle respirait un rare parfum d'antiquité, et qu'aucun hagiographe, à ma connaissance, n'en avait fait mention. Or, après en avoir pris soigneusement copie, je m'aperçus peu après que le troisième hiographe du même saint (anonyme trécorois du onzième siècle) en avait inséré un passage textuel dans son propre écrit et qu'il donnait un nom propre à celui que je prenais pour un anonyme. Voulant, en effet, établir la fausseté de l'opinion, qui attribuait à saint Tudual une origine irlandaise, cet auteur appelle en témoignage saint Loévan disciple du saint, et s'exprime en ces termes :<< Loévan, disciple du saint, a écrit la vie de son maître et nous dit que sa mère nommée Pompée était soeur de Riwal, comte des Bretons, et le premier d'entre eux, qui {, selon lui, } eût traversé la mer {pour s'établir en Domnonée} (n07). Tudual suivit plus tard cet exemple avec ses disciples (n08)>>. L'authen[ti]cité du fragment de vie, dont il s'agit ici, se trouvait ainsi constatée de la manière la plus formelle. Quel dommage seulement, qu'au lieu d'un simple fragment, on ne nous ait pas transmis le texte intégral d'un document de cette valeur. Mais, tel quel, ce fragment appartient toujours au sixième siècle, et contient l'un des rarissimes monuments de la littérature armoricaine remontant à cette date. Le style en est d'ailleurs élégant et correct, à part quelques archaïsmes qu'on y remarque et qui lui donnent en quelque sorte un nouveau prix." La seconde vie de saint Tugdual a été effectuée par "un anonyme [qui] reprit le travail [de saint Loévan] en sous-oeuvre, et se plut à en tirer certain développements que son devancier avait négligés.

Albert Le Grand [b_albe01] indique que Saint Tugdual (Tugduval) est appelé en breton Sant Pabu ou Papu [b_albe01]. Il s'appelait aussi Pabu (Cognomisu Pabu) [b_saf03 p.94]. La raison invoquée est qu'il fut Pape de Rome, nommé Leo V. Britigena [Leon Breton] [b_albe01] [b_saf03 p.91]. Il existe en effet un grand nombre d'églises et chapelles dédiées à Saint Tugdual sous le nom de Papu [Pabu], comme Land-Pabu, Tré-Pabu, Loc-Pabu, Ker-Pabu, Mouster-Pabu [b_albe01]). Il existait à l'église de Saint André à Land-Treguer les sois-disantes armes de Saint Tugdual (Tuduval), d'azur au chêne d'or, et au premier panneau l'écusson timbré d'une tiare papale, surmontéee d'un ordre impérial, et au deuxième panneau l'écusson aux mêmes armes, traversé de deux clefs d'azur en croix. Inutile de dire que ces armoiries ne peuvent être celles de Saint Tugdual, le blason ne remontant pas au-delà des Croisades [b_albe01].
Saint Tugdual (Tugduval) était natif de la Grande Bretagne. L'Histoire de sa vie ne nomme pas son père mais sa mère, qui était dame de grande maison, soeur de Rivallon Murmaczon, qui, ayant quitté la Grande Bretagne, vint habiter en Basse Bretagne et donna origine aux rois et royaume Dononéen (n02): elle s'appelait Pompaea ; ils [les bretons] l'appellent communément sainte Copaja, et [elle] est enterrée au Choeur de la paroisse de Land-Coat, près [de] la Roche-Derien.
En Grande-Bretagne, après une solide instruction, Saint Tugdual se retira dans un monastère, fut reçu religieux et remplaça l'abbé de son monastère qui venait de décéder. Cependant, un ange lui apparut une nuit et lui dit: "Tugdual (Tugduval) Dieu te commande de quitter la grande bretagne, ta patrie, et te transporter hâtivement en la petite Bretagne.". Il manifesta ses visions à tous ses religieux. 72 d'entre-eux l'accompagnèrent, notamment Saint Ruelin, Saint Guevroc, Saint Goneri, Saint Loëvan, Saint Briac. Sa mère Pompaea, qui avait pris l'habit de religion après la mort de son mari, et sa soeur, Sainte Soeve (n03) et une veuve, nommée Malhelew, l'accompagnèrent. Les saints trouvèrent un bateau tout équipé qui les attendait. Ils furent rendus rapidement sur la côte du Leon et mirent pied dans l'île de Kermorvan, devant Le Conquet, en la paroisse de Plou-Moguer (n04). Saint Tugdual alla dans la ville d'Occismor, capitale du Leon, maintenant Saint-Paul-de-Leon, afin de demander au seigneur de Leon un lieu pour y bâtir un petit monastère. Ayant accompli un miracle sur un boiteux, le seigneur lui octroya une terre dans une petite vallée, à un quart de lieu du Conquet, maintenant nommé Tré-Pabu, et où jadis se dressait le monastère de Land-Pabu. Ce monastère étant achevé, Saint Tugdual entreprit un tour de la province [Bretagne], accomplissant de nombreux miracles dans toutes les villes traversées. Sa renommée lui permit de construire plusieurs monastères qu'ils peuplait de religieux de son monastère de Land-Pabu qui était la base principale de son Ordre. Son disciple et compagnon de voyage Loëvan écrit "qu'il n'y avait guère de paroisse, depuis le bas Leon jusqu'à l'autre extrémité de la province, où il n'y eut quelque monastère ou, au moins, quelque hospice de son Ordre." [b_albe01].

Largillière [b_larg01] indique clairement que le saint Tugdual cornouaillais a précédé l'époque de saint Tudy, saint Corentin, saint Guénolé et Gradlon. En effet, "les vers [de la vita metrica] [b_larg02] sont formels pour dire que Tudual avait précédé l'époque de saint Corentin, de saint Guénolé et de Gradlon" [b_larg_01 p.5]. Le texte de la vita metrica [ou vita Winwaloei] de Saint Guénolé [b_bord04] "prouve que les Cornouaillais avaient des traditions sur saint Tudual puisqu'ils lui attribuent un miracle [le miracle du feu], que les vies trécorroises de ce saint ignorent. Le culte de saint Tudual existe en Cornouaille, il y est ancien puisqu'on a Landudal, ancienne trève de Briec, et [la] chapelle de Lampabu en Plouhinec.
Très certainement, ce saint a étendu son apostolat à toute la Bretagne. Le Tréguier a gardé plus particulièrement son souvenir. On vient de voir que la Cornouaille possédait des légendes locales sur ce saint, la vita Brioci, écrite probablement au XIe siècle, donne une troisième version dans laquelle saint Tudual n'est qu'un simple neveu de saint Brieuc, dilectissimo nepoti suo. (si l'on voulait expliquer par l'histoire ce passage de la vita Brioci, on chercherait un souvenir d'une tentative de l'évêque de Saint-Brieuc pour exercer sa suprématie sur l'évêché de Tréguier (...))
- La vita metrica ne s'est pas trompée en plaçant saint Tudual [Tutgualus] bien avant saint Guénolé et saint Tudy ; le culte de saint Tudual remonte à l'époque des noms de lieu en Plou-, Lan-, Tré;- ; le culte de saint Tudy est de l'époque bien postérieure des Loc- [voir aussi b_larg04]" [b_larg01 p.5 note 1].
En ce qui concerne le texte de la vita Chorentini copié par Du Paz, Largillière corrige plusieurs erreurs du texte présenté par Mme Fawtier : le texte réel du manuscrit indique notamment "Tudgual" au lieu de "Tugdual", "les deux formes sont d'époques très différentes, et la forme Tudgual du ms. est beaucoup plus ancienne." [b_larg01 p.15].

Selon la vie de Saint Brieuc (vita Brioci), Pabu-Tugdual est le neveu de Saint Brieuc. Saint Brieuc est un moine né au pays de Galles à la fin du VIe siècle. Il aurait débarqué au "port d"Ac'h", sans doute l'Aber-Vrac'h avec 168 compagnons, aurait fondé un monastère sur les bords du Jaudy, celui de Tréguier, qu'il aurait ensuite confié à son neveu Pabu-Tugdual, puis un second sur les rives du Gouët, où il serait mort. Si l'on fait l'hypothèse "Pabu Tugdual alias Tudi", il n'est peut-être pas un hasard si la paroisse voisine de Plonivel, dont le patron est Saint Brieuc, est celle de Loctudy, dont le patron est Saint Tudy [b_plon01]). Une telle relation entre les deux paroisses est possible si l'on note la promiscuité du Kerdual (n15) en Loctudy et de Larvor en Loctudy mais anciennement en Plonivel.

Dom Lobineau [b_lobi01 p. 178] note que dans les litanies anglaises du VIIe siècle, le nom de saint Tugdual se trouve écrit Tut-Wall : mot composé de deux mots bretons : Tut, gens et Wall, gallois [b_saf03 p.95].

Par opposition à Larguillère , B. Tanguy a établit la relation "Pabu Tugdual alias Tudi" [b_tang01]. B. Tanguy s'oppose en ce point à La Borderie et à Larguillère. Son argumentation en faveur de l'égalité entre Tugdual et Tudy repose notamment sur les points suivants :
- "Tudi ne possède pas de Vie propre." [b_tang01 p. 119-121], contrairement à Saint Tugdual qui possèdent trois Vies.
- "il n'y a (...) pas d'impossibilité à considérer Tudi comme une forme hypocoristique (n_van02) de Tutgual [Tugdual]" [b_tang01 p. 121]
- la présence simultanée dans le minihi de l'abbaye de Locmaria (Quimper) de la pierre Maen Tudi et de la fontaine Pabu. [b_tang01 p. 123]
- la présence du culte de Tugdual à Combrit (Finistère), dont l'Ile-Tudy était une trève.
- "A Loctudy, même si le titulaire de la chapelle de Saint-Oual peut prêter à discussion, on note la présence des villages de Pontual, anciennement Botual, et de Kerdual, écrit Kertugdoal au XVe siècle." [b_tang01, p. 120]

Le "miracle du feu" [b_bord04] [b_bord05] est attribué au Saint Tugdual cornouaillais (Tutgual) alias Tudi [b_tang01] : "Et déjà cependant avait précédé ces trois personnages [Gradlon, Corentin, Gwennolé] un saint d'exception du nom de Tutgual, moine illustre par ses mérites, digne de servir d'exemple à un grand nombre : ayant de qui que ce fût pris en son sein du feu dans ses vêtements, la flamme l'épargna, son corps s'humectant au contraire d'une douce rosée. Mais alors déjà il partageait au ciel la vie des bienheureux quand le pays avait pour rempart ces trois colonnes [Gradlon, Corentin, Gwennolé] qui le soutenaient. Il était cependant le quatrième, car on ne peut le compter pour moins, quand, vivant avec le Christ, il continue de vivre où son corps avait vécu." [b_bord05]
Ce miracle n'apparait pas dans la vie du Saint Tugdual trégorrois.

Bibliographie :
Voir page bibliographie.

Notes :
(n01) Il s'agit ici du lieu où accosta Saint Tugdual [plutôt le saint Tugdual trégorrois], dit Pabu, à son arrivée en Armorique au 6ème siècle : la crique de sable fin de PorsPabu, près de la pointe Kermorvan, en face du Conquet, près de Brest (Finistère).
(n02) M. de la Borderie regarde ces indications comme exactes : Riwal, chef d'un groupe très considérable d'émigrés, aurait bien été le premier roi de Domnonée et aurait eu pour soeur la mère de saint Tugdual. C'est sous le règne de Déroch, fils de ce prince (520-535), que Saint Tugdual aborde en Armorique ; sa parenté avec le souverain du pays dut contribuer à son influence et encourager son activité.
(n03) en breton Santez Seo, ou Secou ou Seva.
(n04) alors appelé Plou-Macoer.
(n05) Voir le t. 44 des Mémoires des Antiquaires de France [, 1891].
(n06) Ces Collectanea se conservent à la Biblioth. Nationale de Paris, et ne forment pas moins de 120 ou 130 vol. in folio; la vie de Saint-Tugdual se trouve dans le t. 85.
(n07) {...} J' [Dom Plaine] ajoute ces paroles car, il n'est pas prouvé que l'établissement domnonéen soit de fait le premier [établissement] breton dans l'ordre des temps.
(n08) Loevanus discipulus sancti Tutguali (sic) (qui ejus vitam conscripsit), sic narrat : Mater ejus pompeia nomine soror erat Riwali, comitis Britonum, primi citra mare venientis, quem Tutgualus cum suis discipulis secutus est. (Même biblioth. manuscr. lat. 5279 fol. 129.)
(n09) Tugdual est la forme actuelle.
(n10) Tanguy B. "Tugdual résulte d'une métathèse à partir de Tudgual."
(n11) Vie de saint Gwennolé (Vita Winwaloei) par le moine Wrdisten.
(n12) Vita IIa Tuduali
(n13) Vita IIa Maudeti
(n14) Vita Ia Maudeti
(n15) "Kerdual, village de Loctudy, noté Kertugdoal au XVe siècle." [b_tang05]

Pour en savoir plus :
Nous conseillons l'article très complet qui fait référence sur le sujet Tugdual et Tudy :
TANGUY, B., Hagionomastique et histoire : Pabu Tugdual alias Tudi et les origines du diocèse de Cornouaille, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, p. 117-142, 1986.

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